Comment mesurer simplement la maturité de votre entreprise dans le cadre de la Sécurité du Travail ? 28 janvier
Comment mesurer simplement la maturité de votre entreprise pour la Sécurité du Travail ?
Les enjeux de la démarche de prévention santé et sécurité
L’obligation réglementaire
Pour un préventeur, le premier enjeu sera de “protéger la santé physique et mentale des travailleurs” (Art. L 4121-1 du Code du Travail).
Cependant ce critère concerne également le dirigeant du fait de l’engagement de sa responsabilité : sa première obligation étant de réaliser l’évaluation des risques professionnels dans le document unique.
Le caractère financier
Nous le savons tous : “La sécurité n’a pas de prix mais elle a un coût”. Cet aspect est bien connu du chef d’entreprise, qui doit veiller également à la bonne santé financière de son établissement, tout en surveillant les autres indicateurs de performance : la qualité des produits, le respect des délais, l’amélioration de sa production…
La gestion des accidents du travail et des maladies professionnelles entraine des coûts directs (taux de cotisation AT/MP), suivis par les coûts indirects qui impactent toute l’organisation de l’entreprise (remplacements, formation, non qualité…), voire son image.
Le critère humain
“Si vous prenez soin de vos employés, ils prendront soin de votre entreprise” (Richard Branson).
Une étude menée en 2016 par le réseau Anact-Aract démontre que la qualité de vie au travail (QVT) est un levier de compétitivité. Mais la QVT est une démarche qui débute d’abord par l’amélioration des conditions de travail et la prise en compte de la prévention au sein de l’organisme.
Evaluer la maturité « Santé Sécurité » au sein de l’entreprise
La courbe de Bradley a été développée en 1994 par M. Vernon Bradley dans le groupe de recherche canadien Dupont. Elle permet de comprendre facilement les changements de mentalité et de comportement, nécessaires pour développer graduellement une culture “Santé Sécurité” au sein de l’entreprise.
Avec cette courbe, il est impossible de progresser d’un stade au suivant sans s’affranchir du précédent. C’est à dire, nous ne pouvons être à la fois passif et actif, pas plus que l’on ne peut être à la fois obéissant et à l’initiative. Il s’agit là d’une logique simple, basée sur le bon sens.
1. Stade réactif
L’entreprise se préoccupe peu de la prévention et donc les collaborateurs ne se sentent pas concernés. Les obligations réglementaires et des accidents constatés engagent certaines actions, dont l’efficacité n’est pas mesurée et parfois non menées à terme. Si un responsable sécurité existe, son pouvoir de décision et son implication restent faible, avec peu d’implication de la part de la hiérarchie. Les salariés agissent plus par instinct et considèrent que les accidents sont inévitables : “Il faut faire attention en travaillant”.
L’Objectif ZERO AT est impensable !
Les conséquences : un désengagement progressif du personnel, pouvant entrainer des arrêts factices, une perte de solidarité, des incompréhensions pouvant aller jusqu’au conflit, accompagnés d’un nombre d’accidents et d’arrêts de maladie en progression.
2. Stade dépendant
La démarche “Santé Sécurité” est associée à l’obéissance. La Direction a mis en place des moyens matériels pour assurer la prévention, portée par un pilote responsable. L’évaluation des risques a permis de mettre en place un plan d’actions ciblées, des consignes et des procédures existent, une enquête est réalisée à chaque accident et les indicateurs sont suivis. Les salariés pensent que la démarche consiste à suivre les règles ordonnées par la hiérarchie : la sécurité s’il n’y a pas d’autres priorités…
Le nombre d’accidents diminue et la Direction considère que la démarche pourrait être contrôlée « si seulement le personnel suivait les règles ».
L’Objectif ZERO AT est un rêve !
Les conséquences : les collaborateurs appliquent les procédures sous peine de sanctions, peu ou pas de participation active et encore moins d’engagement. Le pilote traite la sécurité par la veille réglementaire et selon les évènements, il est garant du respect des procédures.
3. Stade indépendant
Les collaborateurs “prennent la responsabilité par eux-mêmes” : ils prennent conscience des enjeux de la démarche et l’importance pour leur santé et leur sécurité, ainsi que la possibilité d’améliorer la situation par leurs propres actions. La politique est mise en œuvre sur la phase organisationnelle et managériale de la structure. ZERO AT devient l’objectif
Les conséquences : les risques sont moindres et le nombre d’accidents est réduit. Cependant la démarche “Santé Sécurité” et la QVT ne doivent pas être pilotées au détriment de l’aspect économique. La pédagogie dans la communication, savoir dissocier l’urgent de l’important, remettre en perspective le groupe à défaut de l’individu sont les clés de la progression.
4. Stade interdépendant
Les salariés sont dans l’appropriation : ils deviennent tous acteurs de leur propre sécurité comme de celle de leurs collègues et ne prennent pas de risques. Ils appréhendent la sécurité comme une question collective et discutent activement ensemble pour comprendre leur point de vue : une véritable amélioration n’est possible que s’ils agissent comme un groupe et que l’absence totale d’accident est un objectif réalisable. L’Objectif ZERO AT est devenu une conviction !
Les conséquences : la démarche de prévention fait intégralement partie de la stratégie d’entreprise, avec une vision moyen et long terme, qui implique la fidélisation de ses collaborateurs. La performance de l’entreprise inclut celle de ses collaborateurs. Le management est participatif et donc la communication est ascendante comme descendante (et même transverse, notamment dans le partage de bonnes pratiques). L’engagement des salariés est naturel et inscrit dans le fonctionnement de l’entreprise : ils participent à l’amélioration continue du système, en termes de prévention comme concernant les processus existants.
Le risque majeur à ce stade est l’essoufflement car la démarche nécessite d’être portée par l’ensemble des managers. De plus, si les objectifs économiques ne sont pas atteints ou les perspectives de l’entreprise délicates, cela peut également entrainer une fragilisation de la démarche. L’importance de communiquer et d’échanger sur le bon comme sur le moins bon, permet d’ouvrir la proposition de solutions et ainsi l’initiative collective.
Un outil qui peut être utilisé pour évaluer toute démarche d’amélioration
Les enjeux humains de la démarche de prévention “Santé Sécurité” peuvent tout à fait être appliqués à la politique d’amélioration des performances de l’entreprise.
Si nous remplaçons le terme “accident” ci-dessus par incidents, anomalies, dysfonctionnements, non-conformité (…), force est de constater que les notions associées à la courbe de Bradley s’adaptent facilement à l’avancement de toute démarche d’amélioration.
Avec quels objectifs ?
- Mieux travailler : éliminer les pertes de temps, réduire le nombre de pannes, de non qualité et réagir rapidement.
- Mieux vivre : améliorer les conditions de travail (propreté, santé et sécurité) et l’ambiance de travail (état d’esprit).
- Améliorer les performances et les résultats : identifier et traiter les problèmes, être plus efficace dans un environnement propre et ordonné, traiter les problèmes simplement et rapidement.
- Inspirer la confiance : des clients et partenaires, comme des collaborateurs.
Pour quels bénéfices ?
La mobilisation de tout le monde par des actions simples au départ, l’entretien de la motivation pour obtenir rapidement des résultats visibles par tous.
- Permettre d’identifier immédiatement et de traiter les situations anormales, les problèmes, les gaspillages.
- Développer l’appropriation, la responsabilisation, la culture de l’engagement.
- Renforcer la progression et l’amélioration continue.
La courbe de Bradley peut donc être utilisée pour évaluer le niveau de maturité de la culture d’entreprise, dans le cadre de la prévention “Santé Sécurité” mais aussi plus largement dans le cadre de la performance globale de l’entreprise.
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Patrick Ducloux
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amélie 20 septembre
La courbe Bradley permet de visualiser aisément les changements de mentalité et de comportement nécessaires pour développer graduellement une culture de sécurité affermie, avec une baisse tendancielle de la fréquence des accidents du travail selon les stades de développement de la culture de sécurité .La courbe de Bradley a donc un réel intérêt en entreprise pour mesurer et ensuite agir sur les comportements et développer une culture commune de la sécurité : https://www.officiel-prevention.com/dossier/formation/formation-continue-a-la-securite/la-culture-de-securite-au-travail